Sagesse de Rabbi Sacks
Sagesse, de Rabbi Sacks
Réflexions sur le mois d’Elul : Les pleurs
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Réflexions sur le mois d’Elul : Les pleurs

En 2014, Rabbi Sacks a enregistré six réflexions sur le mois d'Elul, en apportant de la sagesse et des conseils alors qu'il réfléchissait à l'année passée et à la nouvelle année qui commence.
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Réflexions sur le mois d’Elul : Les pleurs

Pensée Juive

Texte traduit par Laurent Beyer.

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Il y a une histoire ancienne et totalement apocryphe sur le baron de Rothschild, dans la France du XIXe siècle. Sa femme était dans sa chambre avec une infirmière, dans les dernières étapes de l'accouchement pendant qu'il était assis en bas à jouer à un jeu de cartes avec ses amis. Soudain, ils l'ont entendue crier : « Mon D.ieu, Mon D.ieu ! ». « Baron », dirent ses amis, « allez voir votre femme. Elle a besoin de vous ». « Pas encore » répondit le baron et il continua à jouer aux cartes. Cinq minutes plus tard, ils ont encore entendu un cri : « Mon D.ieu, mon D.ieu ! ». « Montez », répétèrent les amis du baron. « Pas encore », insista le baron et il retourna à ses cartes. Finalement, ils ont entendu sa femme pleurer : « Gevalt ! ». Le baron s'est immédiatement levé et a couru à l'étage, en disant : « Maintenant ! ».

L'histoire est, bien sûr, sur la façon dont les Juifs du XIXe siècle ont dû cacher leur identité et devenir plus Français que les Français, plus Anglais que les Anglais, et pourtant ils sont restés juifs dans leur cœur. L'esprit juif parlait français, mais l'âme juive parlait toujours yiddish.

Mais il y a un autre message plus simple, qui est que lorsque nous pleurons du cœur, quelqu'un écoute. C'est le message du shofar de Rosh Hashanah.

Nous sommes un peuple hyper-verbal. Nous parlons, nous nous disputons, nous pontifions, nous pérorons, nous faisons des réponses pleines d'esprit et des répliques intelligentes. Les Juifs ne sont peut-être pas toujours de grands auditeurs, mais nous sommes parmi les grands orateurs du monde. Accusez-nous de quoi que ce soit et nous trouverons une douzaine de raisons pour lesquelles nous avons raison et pour lesquelles vous avez tort.

Mais il arrive un moment où nous avons le courage d'être honnêtes avec nous-mêmes. Et si nous sommes vraiment honnêtes avec nous-mêmes, alors nous savons dans nos cœurs que nous ne sommes pas parfait, nous ne le faisons pas toujours bien, ni en tant qu'individus ni en tant que peuple.

C'est le moment où tout ce que nous pouvons dire, c'est « Gevalt ! ». Tout ce que nous pouvons faire, c'est crier.

C'est ce qu'est le shofar : le son de nos larmes. Shevarim, trois soupirs. Teruah, une série de sanglots. Entourés par la Tekiyah, l'appel sans mots. Le son d'un cœur brisé. Plus d'excuses. Plus de rationalisations ni de justifications. « Ribbono shel Olam, pardonne-nous. »

La vérité est que ce sont les moments les plus importants de la vie. Nous pouvons continuer pendant des années à nous tromper, à blâmer les autres pour ce qui ne va pas. Nous sommes notre propre avocat infaillible pour la défense. Mais il doit y avoir un moment où nous nous permettons simplement de pleurer pour les choses que nous savons que nous aurions pu mieux gérer. C'est ce qu'est le shofar : le commencement du cri lorsque les mots se terminent.

C'est à ce moment-là que D.ieu nous tend la main, comme un parent à son enfant, et Se tient près de nous pendant que nous pleurons ensemble. Puis il nous réconforte et nous donne la force de recommencer. Il n'y a rien de plus proche de D.ieu qu'un cœur brisé, et rien de plus fort qu'un cœur guéri par le pardon de Dieu.


Page d’origine : Thoughts for Ellul

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